Jérôme Tixier
Directeur Général des Relations Humaines
L’Oréal
Pour quelles raisons êtes-vous DRH ?
C’est L’Oréal qui a eu l’idée de me proposer de rejoindre la DRH après un début de carrière de généraliste qui m’a conduit à la Direction Générale de Kérastase, en me confiant directement la DRH mondiale de la Division Produits Professionnels à laquelle j’appartenais. J’ai vite été séduit par cette idée car L’Oréal a toujours mis les hommes et les femmes au centre de l’entreprise. En tant que manager, j’avais toujours pensé que l’humain faisait la différence et j’agissais en conséquence. Entretenir le dialogue avec les partenaires sociaux, participer au recrutement et au développement des talents qui m’étaient confiés, développer un esprit d’équipe qui ne laisse personne de côté, enrichir la diversité et favoriser son expression tenaient une place importante dans mon agenda. Et pouvoir y consacrer dorénavant 100% de mon temps dans des environnements culturels internationaux m’a paru être une chance à saisir. De plus, ma connaissance du monde des affaires et de nos structures me permettait d’apporter un conseil utile sur l’évolution de nos organisations et donc de construire avec mes équipes une politique RH en soutien du business avec le bon niveau d’anticipation. Enfin, sur un plan plus personnel, cette fonction, telle qu’elle est exercée dans le cadre de L’Oréal, me permet d’épanouir mon goût pour l’humain dans un grand alignement entre mes valeurs et celles de l’entreprise.
Quel est votre parcours ?
Titulaire d’une maîtrise de droit et diplômé de Sciences Po Paris, je rejoins L’Oréal en 1980 pour participer à la création du Département d’Audit Interne. Trois ans plus tard, j’intègre Biotherm où j’occupe une fonction commerciale, avant de rejoindre la Division Produits Professionnels en 1985. Directeur Administratif et Financier France, puis Directeur Général de la marque Kérastase pour la France en 1990, je me tourne en 1993 vers les Ressources Humaines et en prends la direction mondiale au sein de la Division Produits Professionnels. En 1999, je suis nommé Directeur Relations Humaines de la Division Produits Grand Public. En 2007, je deviens Conseiller du Président sur les questions de gouvernance et, en 2011, Directeur Général des Relations Humaines tout en gardant mes fonctions de Conseiller du Président.
Dans votre secteur, quels enjeux aurez-vous à relever dans les années qui viennent ?
Certains enjeux restent identiques :
  • Attirer des talents mais dans un contexte où les entreprises de Grande Consommation sont fortement concurrencées par de nouveaux acteurs sur le marché (start-up par exemple).
  • Garder nos talents ce qui implique d’imaginer de nouvelles perspectives de carrière et une plus grande proximité.
  • S’assurer d’une bonne représentation des nationalités et des genres dans le top management pour une plus grande diversité.
  • Préserver la cohésion entre toutes et tous dans un monde de plus en plus multipolaire. Entretenir les valeurs et la culture d’entreprise.
D’autres enjeux apparaissent :
  • Le concept d’entreprise inclusive est de plus en plus fort avec toutes ses conséquences vis-à-vis de la « Cité ».
  • Les « Millennials » sont en train de constituer la population majoritaire et leur relation à l’entreprise est différente de celle de leurs ainés. Elle appelle aussi une transformation de nos pratiques managériales et de nos façons de travailler.
  • Le numérique est en train de transformer profondément l’entreprise : c’est en soi un nouveau métier à appréhender mais son impact sera important sur d’autres. Il y a donc un fort enjeu d’anticipation pour préparer l’évolution des compétences et la transformation de certains métiers. Le concept « d’employabilité interne » suppose de consacrer d’importants moyens à la formation.
Qu’attendez-vous de votre participation au comité éditorial de Liaisons Sociales Magazine et Entreprise & Carrières ?
Pouvoir apporter mon expérience et mon regard. Donner un avis sur la pertinence des thèmes proposés par rapport à la cible de praticiens à laquelle j’appartiens et dans le contexte des affaires que je vis tous les jours. Et évidemment être en première ligne pour bénéficier d’un apprentissage au contact des journalistes et de mes collègues.